Dossier Territoire : Village Beaujolais – Gleizé
L’arlésienne dévoilée
Il aura fallu 31 ans et de nombreuses évolutions pour que le projet du Village Beaujolais voit enfin le jour. Après Elisabeth Lamure, ancienne maire de Gleizé qui l’initia en 1992, c’est Ghislain de Longevialle, actuel maire de la commune depuis 2015, qui l’a soutenu à bout de bras. Aujourd’hui, alors que le Village entre dans sa phase finale avec l’arrivée des premiers commerces et artisans, l’élu se félicite de pouvoir offrir à tous les habitants de la zone, un véritable espace de proximité commerciale.
BlocNotes I Au travers de vos différents postes, à la mairie de Gleizé et à la Communauté d’agglomération, vous êtes particulièrement impliqué dans la région et au fait des attentes de ses habitants. Comment avez vous vécu les atermoiements dont le projet Village Beaujolais a fait l’objet ?
Ghislain de Longevialle – J’ai suivi ce dossier depuis ses débuts dans la mesure où je faisais déjà partie de l’équipe municipale en 1989. Tout ce que nous avons vécu au travers de ce dossier traduit la lourdeur des procédures en France. Quand on s’engage dans un projet immobilier, il faut avoir conscience que l’on peut être amené à patienter pendant une trentaine d’années et accepter d’être patient. Il est indispensable d’être déterminé et mobilisé. Tous les acteurs qui ont porté ce projet, et ils ont été nombreux depuis plus de 30 ans, ont fait bloc pour que ce projet aboutisse. Pour ce qui est de répondre à des attentes, c’était déjà valable dans les années 90 et cela reste d’actualité, à savoir que ce secteur nord ouest de Gleizé est totalement dépourvu de proximité commerciale. Des prédécesseurs avaient imaginé de le dédier à l’habitation, mais je pense qu’ils avaient omis d’intégrer la proximité, la nécessité pour les habitants d’un minimum de services et de commerces à leurs portes. Les habitants de la Chartonnière ou d’Ouilly, qui sont sur la commune de Gleizé, sont obligés, depuis des années, de prendre leur voiture pour aller acheter une baguette de pain. C’est assez symbolique, mais c’est un vrai sujet. Aujourd’hui, on aboutit, et c’est une vraie satisfaction partagée par tout le monde. L’ouverture de la surface commerciale en juillet, les commerces déjà ouverts ou qui ouvrent dans les jours prochains, les gens ne font que s’en féliciter parce que cela va changer leur quotidien.
I Comment peut-on expliquer que ce projet, qui peut être considéré comme d’intérêt public, ait mis 31 ans à se concrétiser ?
G. de L. : C’est le système français. Vous évoquez très justement un intérêt au-delà de l’intérêt général, d’utilité publique. Il y a eu des procédures d’utilité publique sur ce projet pour permettre l’acquisition du foncier. Mais même une utilité publique déclarée peut être contestée par des tiers. Cette contestation est logique, c’est le principe de la démocratie, des équilibres, des prises en compte et des visions des uns et des autres. Après, ce dont on peut s’étonner, ce sont les délais et la succession, voire parfois l’empilage de procédures qui vont accompagner un projet.
I À partir de quel moment avez-vous été certain que le projet aboutirait ?
G. de L. : Moi, je n’ai jamais douté. Objectivement, ce qu’il faut dire, c’est que les choses ont évolué. Après plusieurs projets avortés pour diverses raisons, nous avons réfléchi. Est-ce qu’aujourd’hui objectivement, on doit organiser les choses de la même manière ou est-ce qu’on profite de cette opportunité pour revoir notre copie ? Et il a été décidé que l’aménagement se ferait sur la moitié de la parcelle tandis que l’autre moitié permettrait de répondre à la forte demande d’activité économique : artisans et entreprises. Le projet commercial s’est trouvé dès lors recentré sur un tènement un peu moins important. C’est à ce moment-là qu’a débuté l’appel à candidatures. Pour moi, il était entendu que ça allait aboutir. Même si cela doit être long, et ça a été le cas, quand vous faites de l’aménagement de l’espace, il y a un moment où le bon sens et surtout l’intérêt commun prévaut. Chaque année, nous avons eu des réunions de quartier à La Chartonnière et à Ouilly. Et quand on abordait ce dossier, on disait toujours aux personnes présentes : « vous allez nous dire que c’est l’Arlésienne ». C’est vrai que le rapport au temps est difficile dans un projet comme celui-ci. Mais aujourd’hui, nous avons la preuve que la détermination et la volonté payent. Et je le répète, pour moi, la plus grande satisfaction c’est justement un aménagement qui répond à un réel besoin et qui rééquilibre les choses. Aujourd’hui, du fait de ma fonction à la Communauté d’agglomération, j’ai un regard sur l’aménagement de l’espace à l’échelle d’un territoire. Et pour moi, ça a du sens parce que justement, l’aménagement de l’espace c’est de l’équilibre. C’est quelque chose qui doit avoir une cohérence et tenir compte de bassins de vie, quelles que soient les limites administratives.
I Si les riverains sont globalement satisfaits, cela n’a pas toujours été le cas. Il y a eu des critiques face aux nuisances sonores occasionnées. Quelle réponse leur avez-vous apportée ?
G. de L. : Nous sommes sur des problèmes de mitoyenneté. Et le temps ne joue pas pour le projet, parce que des personnes qui se sont installées au cours des 30 dernières années, qui avaient sous leurs fenêtres des terrains libres, naturels, je peux entendre que de voir construire un bâtiment de douze, treize mètres de haut, ça puisse les perturber. J’ai dû leur expliquer que ce n’est pas quelque chose de nouveau. Ce qui est important, c’est de trouver le bon niveau de vivre ensemble entre des approches un peu différentes, entre le monde de l’entreprise et le particulier. C’est là qu’il faut trouver les passerelles. Sur ce projet là, il a toujours été prévu de créer une zone végétalisée qui doit servir d’amortisseur, de tampon, mais pour certains ce ne sera jamais assez. Par ailleurs, aujourd’hui ils ont un bâtiment de treize mètres qui n’est pas habité, qui abrite une activité qui s’arrête en général le vendredi en fin d’après midi pour reprendre le lundi. Ils pourraient tout autant avoir un bâtiment d’habitation de trois étages avec une proximité générant quelques nuisances telles qu’on en connaît en milieu urbain. Nous ne sommes pas dans une situation extraordinaire. C’est un changement. Ce n’est pas toujours simple à accepter, mais il faut que chacun y mette du sien.
I Combien d’entreprises ou artisans vous ont suivi depuis le début du projet tel qu’il se présente aujourd’hui ?
G. de L. : Le démarrage du projet final remonte à 2015, 2016. Ce n’est qu’à partir de ce moment-là que nous avons commencé la commercialisation au travers d’un appel à candidatures. Avec le maître d’ouvrage du projet, la SAS Village Beaujolais, nous avons convenu de créer un comité d’agrément qui consistait à ce que les membres élus du conseil d’administration de BSA (une société publique locale (SPL) dont le capital est détenu par seize communes de l’Agglo qui évolue pour leurs comptes dans le domaine de la création de Zac et de la construction ou rénovation de bâtiments, présidée par Ghislain de Longevialle – ndlr) aient un droit de regard et valident les candidatures des commerçants. L’idée est de conserver une orientation conforme à ce qui était décidé, c’est à- dire pas d’équipement de la personne pour ne pas déséquilibrer ce qui existe déjà sur la Calade. D’autre part, là où Elisabeth Lamure a été précurseur, c’est sur la dimension de la surface commerciale. Au tout début du projet, en 1992, elle avait fait valider par le conseil municipal et par le conseil d’administration de la SAMDIV (devenue BSA – ndlr) le fait que la surface commerciale n’excède pas 2 500 mètres carrés. À l’époque, nous n’étions pas du tout dans cette optique-là ! On était plutôt sur des hypers. Notre idée n’était pas d’attirer du monde de l’extérieur. Nous ne recherchions pas une zone de chalandise. Il s’agissait simplement d’apporter un service de proximité. Et nous sommes restés sur cette position qui est tout à fait en adéquation avec le contexte. Quant à la patience des commerçants, il y en a un certain nombre qui sont là depuis 2016 et qui sont très heureux de s’y installer. Il faut dire que la localisation affiche un réel intérêt, que le projet offre une qualité architecturale d’ensemble et que ce sera un site soigné avec 7 000 m2 d’espaces verts et plus de cent arbres.
I En dehors du centre commercial Intermarché, quelle sera la composition finale du village Beaujolais ?
G. de L. : Il existe encore quelques incertitudes. La conjoncture actuelle n’est pas simple. Certains candidats connaissent des difficultés, notamment au niveau des financements. Les conditions ont changé. Quelques mois plus tôt, cela aurait été tout autre. Mais, après tout ce que nous avons traversé, nous allons passer cet obstacle comme le reste, ça ne m’inquiète pas. Ce ne sont que des petits soucis supplémentaires… Nous avons l’enseigne Intermarché, un boulanger, un opticien, un coiffeur, des restaurants, ce qui manquait dans le paysage du parc d’Epinay et des grillons, et plus globalement dans Gleizé. Il y a aussi une auto-école, une pharmacie et une maison de santé pluridisciplinaire avec seize praticiens et un bloc d’urgence en capacité de répondre à pas mal de problématiques auxquelles sont confrontées les gens aujourd’hui et qui permettra de soulager la situation du service des urgences de l’hôpital à Gleizé. Le fleuriste est d’ores et déjà ouvert. Nous avons aussi un magasin d’informatique, un magasin de sport, un magasin de cycles et une animalerie (tous deux ouverts). Et enfin, un caviste qui fait le lien avec la région. À cet égard, le choix du Village Beaujolais correspondait à l’idée d’être en écho avec le territoire avec une véritable ambiance de village. Il est important de noter que les commerçants qui s’installent sont déjà en place ailleurs et qu’ils ouvrent ici un deuxième magasin sans fermer le premier. Nous avons été attentifs au fait que nous ne voulions pas récupérer un magasin ailleurs pour l’installer ici.
I Un aspect village qui est renforcé par la présence du Clocher de la chapelle d’Ouilly.
G. de L. : Oui, et je peux vous dire que nous avons été très attentifs afin que le projet offre des perspectives pour mettre en valeur la chapelle. C’était une volonté qui figurait dans le cahier des charges. Qui plus est, la chapelle d’Ouilly est un élément fort du patrimoine de la commune. C’est une chapelle du XIᵉ siècle qui n’est pas classée, mais c’est un élément remarquable du patrimoine. Elle est estampillée comme telle.
I Entre le centre commercial et l’avenue Alfred Gap, ce sont les Serres Caladoises ?
G. de L. : Oui, elles ont ouvert il y a quelques jours. C’est aussi une vraie satisfaction, parce que j’ai toujours eu dans l’idée que cela puisse être une jardinerie ou quelque chose du même genre. Le fait d’avoir les Serres Caladoises, c’est très bien parce qu’aujourd’hui, quand vous arrivez, ça habille l’espace, il y a des arbres. C’est intéressant, parce que nous sommes vraiment à la frontière d’une zone naturelle et viticole. Le coteau situé de l’autre côté de la départementale ne sera pas construit. Il restera en zone naturelle. Et c’est bien d’avoir cette zone tampon qui fait le lien. Ce qui est également très important, c’est la place que nous avons laissée à tout ce qui est mobilité douce. Nous avons des cheminements piétons qui permettent de rallier très facilement le quartier de la Chartonnière. Les gens peuvent venir à pied ou à vélo pour rejoindre cet espace de proximité commerciale. Il y aura aussi un cheminement dédié aux piétons et vélos qui traversera le parc du sud au nord. Il existe déjà des cheminements piétons ainsi qu’une piste pour les vélos sur l’avenue Alfred Gap. Ce sera prolongé le long de l’avenue du Beaujolais vers la D35, avec un aménagement paysager de trois mètres de large qui va border la départementale 35 afin de cacher en partie l’arrière des bâtiments. Enfin, nous avons les cheminements habituels le long de l’avenue des Charmilles pour permettre au quartier d’Ouilly de venir aussi à pied. Et nous traiterons de la même manière le trajet permettant de rejoindre le lycée Louis Armand. Tout cela est en lien avec le plan mobilité mené par l’Agglo. Par ailleurs, il y aura des panneaux photovoltaïques installés sur les toits de certains bâtiments.
VILLAGE BEAUJOLAIS
Proximité commerciale et médicale
Avec son clocher, celui de la chapelle d’Ouilly toute proche, et son centre commercial, le Village Beaujolais a tout d’un village, à ceci près qu’il n’accueille aucun habitant. Tour d’horizon des entités présentes.
Quand bien même reste-t-il quelques incertitudes comme nous le confi ait le maire de Gleizé « La conjoncture actuelle n’est pas simple. Certains candidats connaissent quelques difficultés, notamment financières. », un grand nombre de boutiques, dont certaines sont d’ores et déjà ouvertes, animeront cette rue marchande pas comme les autres.
LES CONFIRMÉS
Parmi ceux-là, une boulangerie : Maison Dessainjean, un fleuriste : Passion Fleurs, un équipementier sportif : Run Expert, un opticien : Gavoille Opticiens, un magasin d’informatique : Compucity, une auto-école : Alexis Maisonneuve, un salon de coiffure : Chez Georges, un institut de beauté : L’Institut d’Ilona, un caviste : Le marchand de fut, un magasin de fournitures pour animaux : Maxi Zoo, un marchand de cycles : New Bike, un traiteur asiatique : L’Ambrasie et deux restaurants : La charrette et Le Burger Bouchons, ouverts avec une amplitude horaire assez large, entendez par là pas uniquement le midi, ce qui pour Ghislain de Longevialle « manquait dans le paysage du parc d’Epinay et des grillons, et plus globalement dans le village de Gleizé », une pharmacie et une Maison de santé pluridisciplinaire.
MAISON DE SANTÉ PLURIDISCIPLINAIRE
Située dans le même bâtiment que la pharmacie La Chapelle, laquelle déménage de la route de Montmelas pour s’installer au coeur du Village Beaujolais, la Maison de santé pluridisciplinaire accueillera seize professionnels de santé : médecins généralistes, infi rmières, kinésithérapeute, ostéopathe, nutritionniste, sophrologue, psychologue, orthophoniste…
UN BLOC D’URGENCE
Mais le véritable « plus » de cette Maison de santé réside dans le fait qu’elle proposera « un bloc d’urgence en capacité de répondre à pas mal de problématiques auxquelles sont confrontées les gens aujourd’hui et qui permettra de soulager la situation du service des urgences de l’hôpital à Gleizé, laquelle, nous le savons, est compliquée » déclare l’élu. Un projet initié par Aurélien Verchère, pharmacien de la Chapelle, déjà validé par l’ARS et articulé autour d’un axe infantile (de la périnatalité à la jeune maman), d’un axe patient (suivi des pathologies chroniques), et d’un axe privilégiant un nouveau mode de coordination entre professionnels.