Territoire du mois
La Communauté d’Agglomération Villefranche Beaujolais Saône
Les prérogatives de la CAVBS et les ambitions de son président, Pascal Ronzière, pour le territoire
Pascal Ronzière est un homme d’engagement. En plus de son activité professionnelle dans une grande entreprise industrielle de la santé, il est également adjoint au maire de Villefranche, président du Syndicat Mixte du Beaujolais et président de la Communauté d’Agglomération Villefranche Beaujolais Saône. Et c’est en tant que tel qu’il se prête à notre interview.
BlocNotes : Quelles sont les prérogatives de la Communauté d’Agglomération ?
Pascal Ronzière : Quand on parle intercommunalité, on pense développement économique, mobilités, agriculture, aménagement de l’espace, déchets, transition énergétique, eau et assainissement, culture et patrimoine, sport, tourisme. La Communauté d’Agglomération exerce toutes ces compétences qui se traduisent par des investissements importants. Mais ce n’est pas tout. C’est aussi la proximité et les services aux habitants à l’exemple du cimetière paysager et du crématorium qui concernent les familles. Un de nos engagements dont je suis le plus fier concerne la petite enfance qui mobilise le tiers de nos équipes et une dizaine d’établissements d’accueil des jeunes enfants que nous gérons en direct. Tout ce qui touche les habitants de Villefranche Beaujolais Saône concerne la Communauté d’Agglomération. Nous n’hésitons pas à nous engager parfois au-delà des compétences confiées par la loi. Par exemple pour la santé. En 2021, nous avons organisé dans le palais omnisports de l’Escale à Arnas l’un des plus importants centres de vaccination contre le Covid dans le Rhône : 212 000 injections ont été réalisées. En 2023, nous allons signer un contrat local de santé pour accompagner l’accès des habitants aux soins qui est une condition essentielle de cohésion de notre territoire.
BN : Le fait de fédérer un grand nombre de communes et leurs habitants vous octroie un statut de super maire… Mais les pouvoirs vont-ils de pair ?
P.-R. : La Communauté d’Agglomération n’est pas une super commune, et son président n’est pas un super maire, surtout pas. La Communauté d’Agglomération porte bien son nom : c’est une communauté de projets entre les 18 communes qui ont chacune leur histoire et leurs spécificités. Sans commune pas d’intercommunalité. Les maires y ont bien sûr toute leur place. Dès mon élection en 2020, je leur ai donc proposé une nouvelle méthode de travail avec une conviction : fédérer les énergies et les compétences de chacun. Les dossiers et les projets font l’objet d’échanges réguliers en conférence avec les maires et les décisions se prennent ensuite collégialement en Bureau. Travailler ensemble est le meilleur moyen d’avancer.
BN : La crise énergétique que nous traversons n’épargne pas l’agglomération. Quel impact a-t-elle sur les chantiers que vous menez ?
P.-R. : Il faut s’adapter et aller de l’avant. C’est le choix que nous avons fait dès 2021 avec une feuille de route en matière de transition énergétique qui va nous emmener jusqu’en 2026. Un plan d’aide à la rénovation énergétique pour tous a été mis en place. Depuis juillet 2022, les propriétaires de logement peuvent bénéficier d’un parcours d’accompagnement à la rénovation énergétique globale et performante, et d’aides financières. La Communauté d’Agglomération propose un accompagnement aux communes dans leurs projets d’économie d’énergie grâce à un économe de flux. Nous avons commencé à renouveler la flotte de véhicules avec l’achat de 5 véhicules légers électriques et de 2 bennes à ordures ménagères au gaz naturel de ville (GNV). Notre Plan Vélo lancé en 2022 a déjà permis à plus de 220 usagers de bénéficier d’une aide pour l’achat d’un vélo. La prochaine étape en 2023 sera le lancement d’un schéma directeur des énergies et l’amélioration de la performance énergétique de nos bâtiments et équipements communautaires.
BN : Face à la pression démographique, comment parvenez-vous à maintenir l’équilibre entre l’urbanisation nécessaire et l’environnement ?
P.-R. : C’est un vrai sujet. Notre territoire a de vrais atouts et attire de nombreux arrivants. Il nous faut trouver un point d’équilibre. Hors de question que Villefranche Beaujolais Saône devienne une zone dortoir ou résidentielle de la Métropole lyonnaise. Nous allons continuer à nous développer mais autrement pour préserver les paysages et les ressources qui font l’identité du Beaujolais, et contenir l’évolution du prix du foncier pour permettre aux familles et aux jeunes de se loger. Deux documents importants en cours d’élaboration vont nous y aider : le schéma de cohérence territorial (SCoT) qui couvre les 4 intercommunalités du Beaujolais (Pierres dorées, Ouest rhodanien, Saône Beaujolais, et Villefranche Beaujolais Saône), et le Plan local d’urbanisme intercommunal et de l’habitat (PLUiH) qui déclinera les priorités du Scot sur notre territoire. Derrière ces sigles techniques, une même priorité : un développement maîtrisé, équilibré et exigeant. Traduction concrète : une croissance de la population contenue à +0,75% par an jusqu’en 2032, c’est-à-dire + 7750 habitants dans notre communauté d’agglomération d’ici 10 ans. C’est un choix fort et une volonté partagée avec les autres élus.
BN : Quels chantiers présents ou à court terme avez-vous sur votre bureau en ce moment ?
P.-R. : Les chantiers de la Communauté d’Agglomération ne manquent pas. Un exemple dans un domaine sensible, celui de l’eau et de l’assainissement. En 2020, nous avons lancé la réalisation d’une nouvelle station d’épuration à Villefranche dont les travaux en cours seront achevés en 2024. Pour donner un ordre d’idée, 40 millions d’euros sont investis dont 36 millions apportés par la Communauté d’Agglomération. A proximité, un nouveau bassin d’orage est en construction pour éviter le rejet des eaux usées dans les cours d’eau voisins. Enfin, les deux stations d’épuration de Lacenas et Blacé sont en cours d’achèvement et seront définitivement opérationnelles début 2023. Autres exemple dans le domaine des mobilités, nous avons entamé en novembre dernier la création de 200 nouvelles places de covoiturage de part et d‘autre du péage autoroutier de Limas, et l’aménagement de la Voie Bleue à Jassans-Riottier est en cours pour permettre un réseau cyclable et pédestre. Ces deux opérations devraient être achevées au printemps 2023.
BN : Et quels chantiers, encore dans les cartons, s’imposent à vous comme des évidences pour les mois ou les années à venir ?
P.-R. : Le problème n’est pas d’avoir trop de projets, mais de ne pas en avoir assez. A la Communauté d’Agglomération, nous n’en manquons pas. Une priorité pour nous est la poursuite du développement économique du territoire. Nous y travaillons activement et des projets importants verront le jour comme Beau parc, éco parc d’activités à haute qualité environnementale à Arnas, ou bien encore la réhabilitation des Grand moulins seigle à Gleizé. D’autres ont commencé à se concrétiser à l’exemple de l’extension de Créacité à Villefranche où nous voulons créer un campus au cœur de la ville dédié aux activités artisanales et industrielles et à la formation des jeunes. L’installation de l’école de production en mécanique « La Fabrique » est une première étape et l’acquisition des terrains et bâtiments voisins se poursuit. Dans la durée, l’autre projet important concerne le renouvellement urbain du quartier Belleroche qui concerne 5200 habitants. C’est un travail de longue haleine pour aider ce quartier à changer d’image. Peu à peu il se transforme : la barre des cygnes a été démolie, à la place une pépinière a été créée et constitue un espace partagé pour les habitants, la maison de santé est en cours de construction.
BN : Quelles sont vos ambitions pour l’agglomération Villefranche Beaujolais Saône ?
P.-R. : Nous nous sommes donnés pour priorité de concilier développement et environnement, en nous différenciant et en nous démarquant. Nous voulons aussi consolider nos relations avec les territoires voisins du Beaujolais et de l’Ain, et réinventer notre relation avec Lyon et la métropole. Cette vision nouvelle d’un développement maitrisé et durable de notre territoire impacte tous nos choix. Nous allons créer Beau Parc, éco parc à haute qualité environnementale, étendre la pépinière Créacité, et requalifier les Grands moulins Seigle. Dans le même, outre la gestion durable de l’eau avec les nouvelles stations d’épuration, nous allons lancer un projet agro-environnemental innovant pour accueillir les maraîchers qui pratiquent une agriculture raisonnée.
BN : Pouvez-vous nous parler de la manifestation dénommée l’ampli ?
P.-R. : C’est un magnifique projet initié et porté par la Communauté d’Agglomération. Dans le plan de mandat, nous nous sommes notamment fixés comme objectif d’encourager l’éducation artistique et de faire de la culture un moyen d’épanouissement, en encourageant l’éclosion de nouveaux talents dans notre territoire. La Communauté d’Agglomération se positionne aujourd’hui aux côtés des jeunes talents dans les musiques actuelles en leur proposant un nouveau dispositif d’accompagnement complet : « l’ampli » qui s’adresse aux musiciens amateurs et aux jeunes professionnels. Les Lauréats pourront bénéficier de formations et d’un coaching personnalisé, enregistrera un premier album EP et se produire en résidence ou lors du Festival Nouvelles Voix.